Petit j’étais le troisième à pouvoir lire le Tintin mensuel et heureusement que ma mère ne le lisait pas… Comme une bonne partie des gamins de mon âge j’ai un peu collectionné les timbres. Je pense que c’est de là que m’est venue la collectionnite… Il y a certainement autant de collectionneurs différents que de choix dans la BD, d’abord les goûts, les intérêts, ensuite il y a les moyens, l’opportunité, le temps que l’on veut y passer, etc…
Moi, je collectionne tout ce qui touche à la BD depuis environ 30 ans (A cette époque il devait sortir environ 250 titres par année et très peu de marchandising). Grâce à des amis libraires, à force de festivals, de visites de librairies notamment à Paris et Lyon (hauts lieux de la BD) puis aujourd’hui avec internet et ses sites de ventes, une passion devient collection. Cette année je fête un cap, celui des 5000 BD…
Je me souviens avoir lu un article, il y a bien des années, qui disait que le chanteur Renaud avait justement 5000 BD. Ce chiffre m’avait impressionné et finalement, petit à petit… A l’heure actuelle c’est à peu près la production annuelle de BD ! Je suis avant tout un lecteur de BD. Les produits dérivés sont arrivés bien plus tard (et avec parcimonie) à cause des prix…
Cependant cela prend beaucoup de place, la bibliothèque est pleine et bien des choses restent dans les cartons. C’est pourquoi j’ai beaucoup de plaisir à présenter ces quelques échantillons de ce qui se fait en matière de produits dérivés, valant de zéro à plusieurs centaines de francs. J’ai une grande proportion de produits Tintin, car c’est probablement l’image la plus exploitée en produits dérivés, et il faut dire aussi que (comme un grand nombre de BDphiles de ma génération) j’ai un attachement pour Tintin. Ce sont les premiers voyages que j’ai fait…
Ensuite il y a Corto Maltese de Hugo Pratt. Lui c’est parce que c’est mon auteur préféré. Il y aurait beaucoup à dire sur Pratt qui a été exposé dans les plus grandes capitales et qui est considéré par un grand nombre de BDphiles, ainsi que par ses pairs, comme un maître en la matière. La BD d’humour genre « Joe Bar » me plaît aussi beaucoup. La BD, appelée aussi 9ème art, est pour ma part un mode d’expression (il y a beaucoup de discussions sur son appartenance à l’art) qui, avec ses codes, raconte une histoire, au même titre que tout autre genre artistique. A partir du moment où l’on s’évade. J’apprécie la BD parce qu’une histoire est lue pratiquement d’un coup, certains dessins sont superbes et j’aime le livre en tant qu’objet.
Cette exposition sans prétention montre un échantillonnage de produits dits d’utilité, elle se poursuit par des produits décoratifs, puis des produits pirates ou hommages, pour se terminer par des produits de collection. Elle est plutôt orientée sur les dessins et les dessinateurs, mais il ne faut pas oublier que la BD c’est aussi des scénaristes, qui eux sont moins visibles mais qui participent au succès d’une BD.
Certains dessinateurs sont très présents à travers des produits dérivés, même s’ils ont réalisé peu de BD (par exemple Guarnido « Blacksad », 4 tomes parus et tous les personnages sont en figurines). Alors que d’autres ont fait énormément de BD et très peu de marchandising (Tardi une cinquantaine d’albums et 4 ou 5 figurines). Des ventes aux enchères sont organisées pour les gros collectionneurs avec des catalogues plus beaux que certaines BD, qui proposent des produits pouvant atteindre des prix exorbitants. Par exemple une belle planche originale de Tintin peut se vendre un demi-million d’Euros.
La réalisation d’une BD est un travail monumental impliquant un grand nombre de personnes. Scénariste : développement du scénario et écriture – découpage de chaque case – textes et prises de vues. Dessinateur : dessin souvent au crayon des personnages. Collaborateurs éventuels : dessin des décors – pose des textes – encrage – couleurs. Certains studios emploient plus de 15 collaborateurs pour ces tâches. Editeur : impression – distribution Néanmoins, quelques rares dessinateurs font tout de A à Z… Certains dessinateurs travaillent beaucoup le noir-blanc, pour une atmosphère particulière. Il y a ceux qui recherchent le réalisme, alors que d’autres privilégient la narration au détriment (à mon avis) du dessin, pouvant favoriser parfois une certaine fluidité. Là encore, c’est une multitude de personnalités, avec des modes de travail différents. On le constate, la BD c’est tout un monde.
René Meillard
PS : Quelle différence y a-t-il entre une belle bibliothèque de livres et une belle bibliothèque de BD ? Les BD, on les a toutes lues…